Notions de base
Aciers : Phases et Constituants
Choisir des caractéristiques mécaniques c’est choisir une structure micrographique donc des constituants micrographiques.
Les caractéristiques mécaniques des constituants micrographiques sont données par :
– La nature des phases,
– Leur pourcentage,
– Leur morphologie (sphères, lamelles)
Certaines phases se forment naturellement lors d’un refroidissement lent ce sont les phases d’équilibre. On peut prévoir leur composition et leur pourcentage grâce au diagramme d’équilibre.
D’autres phases ne peuvent se former que pour des vitesses de refroidissement plus élevées, ce sont des phases hors équilibre.
Il existe des vitesses critiques de refroidissement (VC) qui vont permettre d’obtenir des constituants d’équilibre ou des constituants hors équilibre.
Ces vitesses dépendent des matériaux.
Exemples :
Acier à 0.1% de carbone VC2 = 700 à 1000°C/s
Acier 35 NCD 16 VC2 = qq °C/mn
Phases et constituants à l’équilibre :
Constituant micrographique
Il peut s’agir d’une phase unique ou d’un mélange de phases qui peuvent alors être considérés comme un composant individualisé lors d’un examen métallographique de la structure micrographique d’un alliage.
Si une phase est forcément homogène quant à ses différentes propriétés (mécanique, physiques ou chimiques), il n’en est pas de même pour un constituant micrographique, qui peut être hétérogène (cas de mélange de phases).
Phase
Partie homogène d’un système chimique (ici le métal), possédant en tout point la même composition et les mêmes propriétés chimiques et physiques. C’est l’élément fondamental dans la « fabrication » des constrituants micrographiques.
Ce peut être une solution solide, un composé défini, un métal pur…
La ferrite ou fer α est une solution solide dont le réseau cristallin est cubique centré avec deux atomes de fer en (0,0,0) et (1/2,1/2,1/2) avec rfer=0.128 nm.
Le carbone (rc=0.077 nm) ne rentre pratiquement pas en solution dans le fer α, son rayon atomique étant supérieur à celui des sites d’insertion.
La solubilité du carbone dans la ferrite est donc faible avec un maximum de 0.021% à 727°C.
La micrographie ci-dessous présente la morphologie de la ferrite dans un acier à faible pourcentage de carbone à l’état recuit.
L’attaque au NITAL ne la colore pas mais révèle les joints de grain et les constituants différents.
La ferrite est relativement « douce » (HB80) et peu résistante (R=300N/mm²), elle est très ductile (A=35%) et très résiliente (KV < 30 Joules).
La ferrite a une masse volumique de 7.86 kg/dm3. Elle est ferromagnétique avec une température de Curie de 767°C.
Réactif
La fonction d’un réactif est de permettre la détermination d’une phase ou d’un constituant micrographique. Son rôle peut être de colorer une phase (en fait une oxydation), d’en dissoudre séléctivement une par rapport à une autre ou tout simplement d’attaquer les joints de grains.
Nital : Il s’agit d’un réactif composé de 96% d’alcool éthylique et de 4% d’acide nitrique HNO3. Il est très souvent utilisé dans les attaques micrographiques des aciers. Dans les aciers recuits, il attaque les interfaces entre la cémentite et la ferrite de même que les joints de grains.
Ductile ou ductilité
Se dit d’un matériau qui peut se déformer plastiquement très facilement. Le contraire de ductile est fragile. La ferrite est un constituant ductile.
Résilience
La résilience d’un matériau est l’énergie qu’il faut fournir pour casser une éprouvette dans des conditions fragilisantes pour le matériau.
La mesure se fait généralement à grande vitesse de déformation (choc) en laissant tomber une charge sur une éprouvette comportant une entaille transversale. L’essai peut être mené à différentes températures.
Ductilité élevée et résilience importante vont de pair.
Ferromagnétique
Un métal ferromagnétique est un métal qui est attiré par un aimant. Cela signifie que suite à l’action d’un champ magnétique, il y a une modification interne au niveau des électrons se traduisant par la création d’une force d’attraction.
Température de Curie
Température au dessus de laquelle un corps ferromagnétique devient paramagnétique.
L’austénite ou fer γ est une solution solide dont le réseau cristallin est cubique faces centrées avec 4 atomes de fer en (0, 0, 0)(1/2, 1/2, 0)(0, 1/2, 1/2)(1/2, 0, 1/2) avec rfer = 0.126 nm.
Le carbone se dissout plus facilement dans l’austénite que dans la ferrite car les sites intersticiels sont plus grands dans l’austénite.
La solubilité maximum est de 2.11% à 1148 °C.
Les caractéristiques de l’austénite sont les suivantes :
– Elle est très ductile (A = 60%)
– Elle est très résiliente (KV > 60 Joules)
– L’austénite est amagnétique
Par ailleurs de nombreux éléments peuvent rentrer en solution solide de substitution dans le réseau du fer et étendre le domaine d’existence en température de l’austénite: le Nickel, le manganèse, le cuivre par exemple.
Voici une micrographie de l’austénite :
Amagnétique
Un métal amagnétique est un métal qui n’est pas attiré par un aimant.
La cémentite est un carbure de fer dont la maille orthorhombique contient 12 atomes de fer et 4 atomes de carbone, ce qui donne la formule Fe3C.
Il s’agit du seul composé chimique défini du système Fer/Carbone.
Les caractéristiques mécaniques de la cémentite sont les suivantes :
– Elle est très dure : HB = 700 – 800.
– Elle est plutôt fragile
Par ailleurs, elle peut accepter des éléments en substitution du Fer. Ce sont en général des éléments carburigènes tels que le chrome.
La cémentite est ferromagnétique avec une température de Curie de 210 °C.
Carbure
Corps composé à base de carbone et d’un ou plusieurs éléments simples. La formule chimique est du type MxCy.
Orthorhombique
Se dit d’une structure cristalline pour laquelle la maille (ou motif de base) est constituée par 6 losanges identiques.
Carburigène
Se dit d’un élément chimique qui a une grande affinité avec le carbone. La conséquence est la forte tendance de ces éléments à former des carbures.
Le Tungstène ou le titane sont des éléments carburigènes.
Ferromagnétique
Un métal ferromagnétique est un métal qui est attiré par un aimant. Cela signifie que suite à l’action d’un champ magnétique, il y a une modification interne au niveau des électrons se traduisant par la création d’une force d’attraction.
La perlite est un agrégat de ferrite α et de carbures (cémentite ou carbures plus ou moins complexes).
La morphologie de ces deux phases en présence dépend beaucoup de la vitesse de refroidissement.
Perlite lamellaire :
Pour des refroidissements lents après austénisation, on obtient un agrégat homogène de cémentite et de ferrite, se présentant sous forme de lamelles alternées. Ces lamelles peuvent être plus ou moins grossières ce qui conduit à faire des distinctions dans les perlites lamellaires : grossière, fine, …
La dureté Vickers dépend de la finesse des lamelles (HV=180-200).
Perlite globulaire :
Pour des refroidissments excessivement lents (ou des recuits spéciaux), la cémentite ou les carbures spéciaux coalescent dans une matrice ferritique.
C’est à cet état que correspondent la résistance à la traction et la dureté les plus basses (HV=150 – 170). C’est aussi l’état le plus ductile et le plus malléable.
Perlite nodulaire ou troostite :
Il s’agit d’une perlite extrêmement fine (ou serrée) obtenue pour des vitesses de refroidissements très rapides.
Elle se présente « macroscopiquement » sous forme de nodules qui se développent à partir des joints de grains de l’austénite.
Ces nodules sont constitués par des lamelles ferrite-cémentite non séparables en microscopie optique (grossissement environ x1000).
Ils apparaissent en sombre après attaque au NITAL.
Les caractéristiques mécaniques de la perlite nodulaire sont un peu plus élevées que celles de la perlite.
Ce constituant est un état intermédiaire entre l’état recuit et l’état trempé.
Ceci explique qu’il n’est en général pas recherché.
Agrégat
Se dit d’un constituant micrographique formé d’au moins deux phases. Les constituants eutectiques ou eutectoïdes sont des agrégats.
Carbure
Corps composé à base de carbone et d’un ou plusieurs éléments simples. La formule chimique est du type MxCy.
Austénisation
Opération consistant à chauffer un acier pour qu’à la température de traitement thermique, sa structure soit entièrement austénitique. On se trouve alors dans le domaine d’existence de l’austénite dans le diagramme d’équilibre fer-Carbone.
Coalescence
Globulisation = amas d’espèces rejoignant une morphologie globulaire.
Joints de Grains
Il s’agit de la frontière séparant deux grains distincts. Cette frontière correspond en fait à un changement d’orientation cristalline, parfois à un changement de structure cristalline.
Dans un joint de grain, la densité atomique est moins grande que dans les grains.
Phases et constituants hors équilibre :
Constituant Métastable
Se dit d’un constituant micrographique qui n’est pas stable du point de vue thermodynamique. Cela signifie qu’il peut évoluer vers un constituant stable s’il subit un traitement thermique adéquat. C’est le cas de la trempe des aciers qui se traduit par la formation d’un constituant métastable : La martensite qui peut évoluer vers un constituant stable si on élève à nouveau la température.Quadratique
Se dit d’une structure cristalline dont la maille élémentaire est un parallélépipède rectangle de côté a, c, cAciculaire
Se dit des aiguilles de martensite lorsque le pourcentage de carbone commence à devenir important (supérieur à 1%). Celles-ci ont alors une forme très acérée : on dit « en lames de couteaux ».Ce constituant n’est plus un produit de décomposition directe de l’austénite mais il correspond, en fait, à un stade de décomposition de la martensite (pour des températures comprises entre 400 et 600°C).
C’est un agrégat complexe de carbures finement répartis dans une matrice ferritique distordue.
Elle possède des propriétés mecaniques intéressantes : une dureté assez élevée (HV~ 300-400) pour une bonne résilience.
Il s’agit de l’un des états structuraux les plus utilisés industriellement.
La bainite est un constituant de trempe qui apparait pour des vitesse de refroidissement inférieures à Vc2 ou lors de trempe étagée bainitique.
Les caractéristiques mécaniques associées à une microstructure bainitique approchent celles d’une structure martensitique.
Bainite Supérieure :
Formée à plus haute température (environ 500°C), elle est constituée de plaquettes de ferrite contenant des carbures orientés parallèlement à l’axe des plaquettes comme l’illustre la micrographie.
Bainite Inférieure :
Formée à plus basse température (au dessus de Ms), elle ressemble beaucoup à la martensite. Elle s’assimile à des plaquettes de ferrite contenant une fine dispersion de carbures. Ces carbures ne sont discernables qu’en microscopie électronique.
Bainite Moyenne :
La bainite moyenne présente une microstructure intermédiaire aux deux précédentes. Notons que selon le mode de refroidissement, les trois sortes peuvent coéxister.